BUSTE DE LÉO DROUYN

> NATURE/CONSTRUCTION:   1er Buste en bronze, 2ème buste en pierre de Vilhonneur, piédestal en pierre dure de Tercé. 

> ÉTAT:   1er buste en bronze: Fondu sous le régime de Vichy. 2ème buste en pierre: toujours en place et restauré en 2011.

Coordonnées GPS: 44.83778, -0.5769.

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=> la CARTE:

François Joseph Léo DROUYN est né à Izon le 12 juillet 1816 et décédé à Bordeaux le 4 août 1896, il repose au cimetière de la Chartreuse. (D'une certaine manière, Léo Drouyn est né en Fronsadais, puisqu'en 1816, Izon, sa commune natale, faisait partie du canton de Fronsac.)

Cet artiste et savant girondin (: architecte, archéologue, peintre, dessinateur, paysagiste et graveur) a créé un fonds iconographique exceptionnel sur le patrimoine médiéval aquitain dans la seconde moitié du XIXe siècle, quarante ans avant les premiers témoignages photographiques. Son œuvre est riche de plus de 5000 dessins et près de 1550 gravures, voir ici: https://leodrouyn.com . Drouyn participe, dans la lignée de Victor Hugo et du mouvement romantique, à la redécouverte et au triomphe du Moyen-Âge. 

Son père était François Joseph Drouyn, écuyer, capitaine de frégate de la marine royale, directeur du port de Bordeaux. Envoyé par sa famille à Nancy pour suivre ses études. Il devient bachelier des Lettres à l'âge de 19 ans. Revenu à Bordeaux il s'oppose à sa famille qui désire le voir faire du négoce. Sa passion étant autre il décide de suivre des cours de peinture à Bordeaux, puis il part à Paris, où il fréquente les ateliers d'artistes peintre.

Quelques années plus tard il revient à bordeaux où il s'intéresse aux monuments anciens, parcourt la campagne girondine pour faire des études plus approfondies dans ce domaine. Ce sera le début de sa carrière d'archéologue et de peintre qui le mènera à être professeur de dessin à Bordeaux et à la Sauve.

Ses albums de dessins , ses notes et ses croquis, sont une source d'information inestimable pour la connaissance du patrimoine avant les grandes restaurations du cardinal Donnet.

Traversant la Dordogne à Saint-Pardon, il découvre assez tôt, en tant notamment que dessinateur attitré de 1842 à 1849 de la Commission des Monuments historiques de la Gironde, les églises romanes de ce canton ; Saint-Aignan, Saint-Germain-la-Rivière, Lugon, Saillans, Fronsac et surtoutLalande-de-Fronsac...

Il mit ainsi en exergue la richesse du patrimoine roman girondin et devint l'un des plus éminents spécialistes de architecture médiévale, dont il grava à l'eau-forte les principaux types. C'est d'ailleurs souvent sur son intervention que ces modestes édifices religieux sont protégés.

L'épisode le plus marquant est sa découverte en 1848 de la petite église romane de La Rivière, dont il tombe amoureux et qu'il veut sauver du "vandalisme restaurateur" des paroissiens qui ont décidé "d'embellir" leur sanctuaire. Léo Drouyn remue ciel et terre, mais malgré ses interventions, la petite église romane "si jolie et si curieuse" disparaîtra.

Cette découverte provoquera la rupture entre Drouyn et la Commission des Monuments historiques pour laquelle il travaillait et qu'il tient pour responsable de ce désastre. A partir de là, Léo Drouyn deviendra l'une des figures marquantes du combat contre les "architectes restaurateurs" disciples de Viollet Le Duc dont l'action est soutenue en Gironde par le célèbre cardinal Donnet. Léo Drouyn n'a pas écrit la "Guyenne religieuse" à laquelle il songeait.

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(Léo Drouyn, lui même dans un de ses dessins)

Il démissionne de son poste de professeur de dessin au lycée de Bordeaux le 1er janvier 1866. Le 9 janvier 1866, il est nommé membre de la Commission topographique des Gaules. Il occupe également d'autres postes importants: il est élu membre de l'académie des sciences belles lettres et arts de Bordeaux. Il est nommé conservateur du musée des antiques de Bordeaux, membre de l'institut des provinces, membre de la commission des monuments historiques, il devient également inspecteur des archives communales de la Gironde correspondant du ministère de l'instruction publique et pour finir il est élu président de l'académie de Bordeaux.

Il écrit de nombreux ouvrages sur les recherches qu'il a effectuées, dont un sur sa commune natale, il y retrace la vie d'Izon du XI siècle jusqu'à la révolution. Publiant notamment ses "Bordeaux vers 1450" et "Variétés girondines", il achève de prouver sa volonté d'explorer les métamorphoses du Bordeaux médiéval

Durant cette brillante carrière, il reçoit la Médaille d'or de la gravure à l'eau-forte à l'Exposition annuelle des Beaux-Arts à Paris en 1867, il est fait chevalier de la légion d'honneur en 1870, puis il reçoit les palmes d'officier d'académie et les palmes d'officier d'instruction publique.  Une association lui est dédiée, le musée d'Izon porte son nom, on trouve un buste de lui à Izon (voir §Anectodes en bas de page) et aussi celui qui fait l'objet cette page.

Drouyn meurt en 1896, dans la maison de ses enfants, rue Desfourniels: un tronçon porte aujourd'hui son nom.

Léo Drouyn et son fils Léon par le baron de Gervain, vers 1865 

> 1897 : Un comité se forme afin de rendre hommage à Léo Drouyn mort l’année précédente, en faisant réaliser un buste par souscription publique. Le buste et le dessin d’ensemble sont exposés dans les magasins de la maison C. Gautier à qui on confia la fonte. E. Courbatère réalise la sculpture ornementale, l’architecte L. Labbé dessine le piédestal, l’entrepreneur Bezineau ayant été chargé de l’installation.

> 1899 : inauguration le 1er juillet. On loue ce buste "admirablement bien réussi par Leroux et qui rappelle les trais empreints d’une olympienne sérénité du grand archéologue".

> 1942 : fondu sous le régime de Vichy.

> 1947 : le buste est remplacé par une copie d’après celui de Gaston Leroux, due à René Rispal, en pierre de Vilhonneur, commandée par la Société archéologique de Bordeaux. Elle est inaugurée le 26 juin en présence des petits-enfants de l’archéologue 

> Sur le piédestal en façade : A  léo Drouyn 1816 - 1897.

> A gauche : Avec le concours de la Ville de Bordeaux du Département et par Souscription Publique.

> A droite: Érigé en 1899 et détruit par les Allemands en 1942. Réédifié en 1947 par les soins de la Société Archéologique de Bordeaux.

> Sur l’emmarchement du piédestal : Bordeaux vers 1450 / La Guyenne militaire 

Sur l'initiative du marquis de Castelnau d'Essenault,  un comité composé d'amis de Léo Drouyn et des présidents des Sociétés artistiques et savantes, dont faisait partie cet habile artiste, fut formé pour élever par souscription, à sa mémoire, un monument surmonté de son buste en bronze. Ce buste devait être placé dans le square de Saint-André, dans le massif entre la tour de Pey-Berland et le chevet de la cathédrale, qu'il a si souvent et si fidèlement reproduits de son crayon et de son burin. 

Ce monument est l’œuvre de M. Gaston LEROUX (ci-contre), professeur distingué de sculpture de l’École des beaux-arts. Le modèle du buste et le dessin d'ensemble furent exposés dans les magasins de la maison Charles Gautier (fabricant de bronzes) au 12 du cours de l'Intendance.

La ville de Bordeaux, voulant donner un nouvel hommage à la mémoire de Léo Drouyn (en plus du nom d'une rue), s'inscrivit la première pour 500 fr. Cet exemple fut promptement suivi; mais il manquait encore une somme relativement élevée, et le comité fit appel aux nombreux amis des arts et aux savants qui appréciaient le talent et le caractère de cet artiste regretté. La souscription s’éleva finalement à 4 200 fr.

M. de la Ville de Mirmont, président du comité du monument, avança pendant l’inauguration au matin du 1er juillet 1899 "qu'il n'aurait pas déplu à l'âme profondément catholique du maître de savoir que le bronze destiné à perpétuer ses traits de créature humaine, serait comme écrasé entre ces masses gigantesques et harmonieuses, hommage élevé par les croyants d'autrefois à la majesté du tout puissant Créateur». Le buste fut donc installé sur son piédestal, tourné vers la place Jean Moulin et la statue "Gloria Victis"... (voir photos ci-dessous)

Peu avant 1935, probablement lors d'un réaménagement du square Saint André, le monument fut cependant déplacé devant l'abside de la cathédrale Saint-André, tourné vers les anciennes Archives Municipales de la rue du Loup (à la même place qu’aujourd’hui).

Malheureusement, ce buste en bronze de 86 kg fut enlevé et fondu en 1942 sous le régime de Vichy dans le cadre de la récupération des métaux non ferreux imposée par l'occupant. Il fit partie de la première liste de statues visées, établie le 3 novembre 1941.

(A savoir que le choix des bronzes "sacrifiés" fut décidé par La Commission du Département de la Gironde, constituée le 27 octobre 1941, composée du Préfet Jean Alype, de Jean-Gabriel Lemoine, conservateur des musées de Bordeaux, de Gabriel Loirette, conservateur des objets d’art et d’antiquité du département, de M. Lachaize, inspecteur général de la Production Industrielle de la circonscription et de M. Tauzin, architecte ordinaire des Monuments Historiques. Jacques d’Welles, l’architecte en chef de la ville, fut consulté par les services de la mairie en septembre 1941, et donna un avis consultatif sur les œuvres susceptibles d’être fondues. Les jugements esthétiques de l’architecte, restent très tranchés sur certains monuments.).

Il ne resta après cela, que le modèle en plâtre originel de ce buste de LEROUX (voir ci-après), qui est aujourd'hui exposé dans l'Hôtel Calvet de l'Académie et des Sociétés Savantes (1 Place Bardineau), siège de la Société Archéologique de Bordeaux, dont Léo DROUYN était membre.

> Cette même société fut à l'initiative de la création d'un nouveau buste en pierre après la guerre (voir item suivant).

Dès la fin de la tourmente, la Société Archéologique de Bordeaux ouvrit une souscription publique et reçut un appui financier généreux de la Ville de Bordeaux et du Conseil Général de la Gironde pour la restitution du buste de Léo Drouyn.

La Société Archéologique de Bordeaux commanda en 1947 au sculpteur René Rispal, professeur de sculpture statuaire à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, un buste de Léo Drouyn en pierre de Vilhonneur en remplacement de celui de Gaston Leroux envoyé à la refonte en 1942.

L’œuvre en pierre, signée René Rispal d’après Gaston Leroux fut réalisée à partir du plâtre original, conservé à l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres (voir les photos plus haut). Le maître René Rispal réalisera cette copie en pierre dans son atelier de l’École Municipale des Beaux-Arts (voir ci-dessous).

Le buste de Léo Drouyn retrouva ainsi sa place sur son piédestal originel au chevet de la cathédrale Saint-André. Le monument fut inauguré le 26 juin 1947 en présence des petits enfants de l’archéologue (voir ci-après).

Bien que située à l'arrière de la cathédrale, côté tour Pey-Berland, en 2011 la statue était devenue méconnaissable. La pierre du support comme celle du buste était noire de poussière, de mousses et ... de fientes dégoulinantes (le buste servant surtout de perchoir à pigeons). Dans le cadre d'un mécénat de compétence, la société Laroche Restauration prit totalement en charge la restauration de l'ouvrage...

Aujourd'hui, malheureusement, la pierre blanche est redevenue grise et souillée...


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Allocution de M. Joseph Béraud-Sudreau, le 28 Juin 1947, lors de l'inauguration du buste de Léo Drouyn à l'abside de la cathédrale Saint André.


ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES

2009: Inauguration du buste de Léo Drouyn: Des personnalités de l'université de Bordeaux III ; le Professeur Singaravelou Président de l'Université Bordeaux III, accompagné du Professeur Emérite Lacoste, spécialiste en histoire de l'art, et Anne-Marie Migayron (association les Amis de Léo), en présence de présidents d'associations izonnaises et d'un public venu en nombre, ont assisté à l'inauguration du buste de Léo Drouyn. Création de Jean-François André, placée sur le socle fabriqué par la ferronnerie Peyssard d'Izon, le buste de Léo Drouyn trouve naturellement sa place entre les anciens pavillons de garde du château de Grand'Pré devenus " musée Léo Drouyn ". La commande du buste fut initiée en 2007, par la commission des affaires culturelles menée par Jacqueline de Boucaud. 

Journal La Petite Gironde, 2 juillet 1899
Archive Journal Sud-Ouest du 12 juin 1947
Archive Journal Sud-Ouest du 25 juin 1947
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> Création de la page & publication: 25 Avril 2021. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post. Cette page est également sauvegardée via l'outil the Wayback Machine, qui peut tracer la date exacte de publication et son contenu, pouvant ainsi attester de toute antériorité des données par rapport à une publication recopiée/reproduite sans accord...