LE CROCODILE

> NATURE/CONSTRUCTION:   En inox, 8m de haut, 4m de large, 2 tonnes, 14 990 facettes en inox irisé. 

> ÉTAT:   Toujours visible au restaurant "La Maison du fleuve" à Camblanes-et-Meynac 

Coordonnées GPS:


1ère localisation:  

44.83777, -0.58078


2ème localisation:

44.76713, -0.50814


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A l'origine, cette œuvre, à l'instar de 11 autres qui furent installées dans toute la ville (voir la liste dans la revue de presse en fin de fin de page), faisait partie d'une exposition temporaire de 2009: « Sculptures en ville » (dédiée aux artistes bordelais), et était présentée comme l'un des "clous de l'exposition".

La Ville de Bordeaux proposait alors une nouvelle présentation urbaine de sculptures monumentales: une balade culturelle et artistique, à la découverte de 12 installations rive gauche et rive droite. Les œuvres exposées avaient été choisies par la Ville de Bordeaux, le Conseil Général de la Gironde, la Drac Aquitaine et le Frac d’Aquitaine. Alain Juppé, Maire de Bordeaux, inaugurera l’exposition vendredi 29 mai 2009 à 18 h 30 dans la cour de l’Hôtel de Ville. Pour cette opération, la Ville de Bordeaux avait alors mis à la disposition des artistes les espaces publics, assuré transport, montage et démontage, et accompagné les artistes dans leurs relations avec leurs mécènes.

Le crocodile fut mis en place en deux temps: les 28 mai (première mâchoire), 28 & 29 juillet 2009 (reste de la tête).

Le fan-club du croco se démena pour assurer une certaine pérennité à l'objet de leur flamme et alla même jusqu'à créer un groupe sur Facebook : « Sauvons le Crocodile de G. Renou à Bordeaux ». Ils demandaient que la sculpture reste en place jusqu'à la fin de l'été, ce que la Mairie accepta et l'on prit date pour le 14 septembre. 

L’auteur, Guillaume Renou, arguant que son œuvre avait été endommagée lors de son installation par les agents techniques de la ville, fit savoir que son crocodile ne bougerait pas aussi longtemps que la ville de Bordeaux ne l’aurait pas indemnisé. 

Le différend enfla, s’installa dans le temps et croupit pendant plusieurs mois jusqu’à ce que le Tribunal Administratif n’y mette un terme. Le 30 novembre 2011 Guillaume Renou fut donc condamné à enlever sa sculpture. L’astreinte de 200 € par jour de retard dût sans doute convaincre l’artiste et le nécessaire fut fait le 2 janvier 2012.

L’œuvre fut ensuite installée devant le Restaurant "La Maison du fleuve" à Camblanes-et-Meynac, où elle se trouve encore à ce jour.

Un temps pressentie en 2013-2014 dans un projet pour orner un logement parisien (rue Fulton dans le 13ème arrondissement de Paris) construit par l’architecte bordelais Bernard Bühler, l’œuvre ne sera finalement pas déplacée pour des raisons de "complexités techniques"... (voir fin de page)

L'artiste diplômé des Beaux-Arts Guillaume Renou, (parmi une dizaine d’autres) fut sélectionné pour sa première sculpture monumentale: « Crocodile ». Animal préhistorique, sacré/mythique pour certains, le crocodile a été source d'inspiration pour cet artiste, ayant un attrait particulier pour les sujets primitifs...

Il lui fait prendre forme à partir de 2007 dans le hangar du Garage Moderne de Bacalan, débourse 35 000 euros de sa poche et trouve des sponsors pour des matériaux et de la main d’œuvre. Au total, un an et demi de conception et plus de six mois pour la réalisation.

Il accepte de participer à l’événement Sculptures en ville contre une rémunération pour trois mois d’exposition de 1000 euros. La commune de Bordeaux met à disposition des artistes des espaces publics, assure transport, montage et démontage.

Au moment du montage, assuré par la Mairie, « la sculpture tombe » pour les uns, ou « heurte la plate-forme du camion de transport » pour les autres. Toujours est-il qu’elle s’en trouve abîmée (la mâchoire du bas a été cognée contre le socle et enfoncée). Il fallut donc chiffrer les dommages (assurances concernées: Axa Art). Pour info, l’œuvre était estimée à 200 000€. Guillaume Renou demanda donc au Tribunal Administratif de mandater un expert judiciaire. L’œuvre ne pouvant être déplacée avant expertise. Et c’est un commissaire-priseur qui fut nommé en avril 2010. Il estima le coût de la restauration (qui sera payé par l’assurance) et le préjudice lié à l’immobilisation.

Pour le préjudice, le contrat a payé l’artiste à hauteur de 330 euros par mois d’exposition, donc pour chaque mois où le crocodile a été immobilisé dans l’attente du rapport lui seront versés 330 euros. Cela se chiffrait à presque 30 mois. 

Sauf que Guillaume Renou avait beaucoup de propositions pour la suite des aventures de son reptile : le château du Prince Noir, la Maison du Fleuve qui lui en proposait 5000 euros pour 3 mois, la Mairie de Mont de Marsan, Blanquefort, et même un restaurant au Cambodge qui souhaitait l’acheter. Mais le croco abîmé n'a pas pu bouger…

Total des estimations du commissaire-priseur : 21 445 euros, et 15 610 euros pour l’enlèvement et le transport de l’œuvre à la charge de la commune de Bordeaux, comme prévu initialement par le contrat. Avec cet argent, Guillaume Renou devait pouvoir avoir la possibilité de déplacer sa sculpture, de quoi racheter du matériel pour se mettre au travail afin de réparer son œuvre, et de toucher une compensation sur la perte de revenu à hauteur de 330 euros par mois d’immobilisation.

Le crocodile a été exposé au public abîmé, dans un bassin d’eau qui a été vidé et qui a donc laissé des marques de calcaire sur la sculpture, entourée de barrières pour le moins disgracieuses. On pouvait d’ailleurs lire sur un blog : « (…) quand on la voit de plus près, elle est en assez mauvais état : quelques plaques sont absentes, et surtout il n’y a pas d’eau dans le bassin, de sorte qu’on voit la structure nue de la base, et une vilaine barrière encercle le périmètre. J’espère qu’elle restera et sera mise en valeur, je crois qu’elle a la carrure d’un monument à chérir. »

Si les conditions d’exploitation de l’œuvre altèrent la présentation qui en est donnée, on porte atteinte au droit moral de son auteur. Se sentant donc lésé, Guillaume Renou refusa la proposition estimée par le commissaire-priseur et votée par le Conseil Municipal, et proposa une nouvelle estimation où le préjudice esthétique et moral s’élevait à environ 38 000 euros. En y ajoutant la réparation sur les dommages, le démontage prévu dans le contrat, l’immobilisation, l’addition dépassait de beaucoup les 21 000 euros que la Mairie se disait prête à accorder. 

Cette demande à la commune de Bordeaux d’une nouvelle estimation resta lettre morte, ce qui voulait dire qu’au bout de deux mois le silence fut considéré comme un refus implicite. L’avocat de Guillaume Renou, Me Jean-Baptiste Bordas, saisit alors le Tribunal Administratif.

Parallèlement, des travaux furent menés dans les jardins de l’Hôtel de Ville où était exposé l’animal. La commune de Bordeaux saisit alors le juge des référés pour que soit ordonné en mesure d’urgence l’enlèvement de l’œuvre. Début juillet, la décision fut prise, Guillaume Renou devait faire enlever son crocodile sous peine d'astreinte de 200 euros par jour de retard. Comment l’enlever, qui devait s’en charger, est-ce que la mairie était encore responsable de cette charge financière, rien n’était précisé. Dans un premier temps, la Mairie estima que c’était à l’artiste de se débrouiller, mais la ficelle étant un peu grosse, elle revint sur sa position et accepta de payer le démontage.

Notre artiste chercha donc un transporteur, en trouva deux, dont l’un des devis était estimé à 15 000 euros, ce qui correspondait à l’estimation de l’huissier. Tout semblait donc pouvoir être réglé rapidement, selon les souhaits de la municipalité. La Mairie expliqua à l’artiste que rien ne pouvait être fait sans validation par un vote du Conseil Municipal sur le paiement. Il fallait donc attendre la rentrée de septembre 2011, et pendant ce temps là, le compteur de l’astreinte défilait. 26 septembre 2011, premier Conseil Municipal de l’année scolaire, le vote ne se trouvait toujours pas à l’ordre du jour.

L’avocat de la commune répondit alors qu’il manquait sur le devis une note de Guillaume Renou « bon pour accord ». Or l’artiste n’avait pas les moyens de payer le déplacement, il ne pouvait donc se permettre de certifier sur un devis qu’il allait payer quoi que ce soit sans avoir la certitude que le Conseil Municipal décidait de le lui accorder. Il nota alors sur le devis « bon pour accord sous réserve du vote par le Conseil Municipal du coût du transport », ce qui agaça très fortement à l’Hôtel de Ville. Le responsable du service financier se permit d’écrire que la mention était inutile puisque le vote serait favorable. Il était donc acquis pour ce service que le vote d’une assemblée élue était joué d’avance.

Un deuxième Conseil Municipal se passa, le vote sur le devis n’était toujours pas à l’ordre du jour… Me Jean-Baptiste Bordas, avocat de l’artiste, saisit le Tribunal Administratif pour une requête en indemnisation à hauteur de 50 000 euros. Et quelle coïncidence, la mairie saisit au même moment le juge des référés pour liquider l’astreinte, juge qui devait déterminer pourquoi le crocodile n’était toujours pas parti de sa cage des jardins de l’Hôtel de Ville.

Mercredi 30 novembre 2011, au Tribunal Administratif, avant même que les plaidoiries commencent, M.Pouzoulet, juge des référés, expliqua à l’audience qu’il s’agissait ici d’argent public et qu’il était donc inacceptable que Guillaume Renou se fasse une publicité gratuite sur le dos du contribuable. De la même manière qu’à la Mairie on jugeait que le vote du Conseil Municipal eut été positif avant même qu’il ait lieu, le juge des référés se permit de donner son opinion avant les plaidoiries…

Le jugement tomba : Guillaume Renou fut condamné à payer 20 000 euros d’astreinte et à trouver les moyens d’enlever son crocodile d’ici un mois, sinon, la mairie en ferait ce qu’elle voulait. Les 20 000 euros furent majorés de 1 000 euros correspondant aux frais d’avocat engagés par la municipalité représentée par Me Patrice Lacaze. 

Guillaume Renou finit par obtempérer : « La ville a réglé l’acompte, j’ai signé le bon pour accord et j’espère qu’elle paiera le solde. », précisa l’artiste qui assistait au départ du reptile dans le jardin de la mairie. « On essaie d’aller le plus vite possible. La mâchoire basse a été enlevée dans la matinée pour être acheminée à la Maison du fleuve, le restaurant de Camblanes-et-Meynac qui a réclamé le crocodile. »

- 8 mètres de haut, 4 mètres de large

- 2,5 tonnes.

- 50 dents de 50 cms chacune, laquées blanc.

- 14990 écailles toutes différentes en inox 316 L miroir irisé vert et violet. Les plus petites écailles mesurent moins d'un centimètre

- Yeux en inox (70 cms de diam.) formés en hémisphères.

- Un an et demi de conception CAO, 6 mois de réalisation.

- une trentaine de bénévoles, stagiaires, amis, famille se relayant sur ce projet.

- Nombreux partenaires et mécènes, régionaux et étranger(s).

- Budget personnel de l'artiste.


ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES

- https://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=33063_79- https://www.monnuage.fr/point-d-interet/le-crocodile-a44686#gallery-modal- https://bordeauxzob.wordpress.com/2011/12/03/laffaire-du-crocodile-lart-et-la-maniere-de-la-mairie-de-bordeaux-dans-son-soutien-aux-artistes-locaux/- https://www.lexpress.fr/region/qui-veut-sauver-le-croco-de-bordeaux_780257.html?fbclid=IwAR0nxT1NaPSYOt0T8QO_T-GarCZDXK2z4ANeJiJI-ba21sHyfu72lWkGdu0- https://www.sudouest.fr/gironde/bordeaux/bordeaux-le-crocodile-quitte-la-mairie-9049169.php- https://www.sudouest.fr/gironde/bordeaux/avec-le-salut-du-crocodile-9049837.php- https://bordeauxzob.wordpress.com/2012/03/17/le-crocodile-de-renou-episode-42/- https://www.observatoire-social-media.fr/guillaume-renou-les-bordelais-ont-eu-la-peau-du-croco/- https://www.hebus.com/image-443552.html- http://art-flox.com/expo-Le_Croco_arrive_a_la_Mairie_de_Bordeaux.html- https://www.sudouest.fr/justice/le-crocodile-au-tribunal-9758605.php- https://www.youtube.com/watch?v=JDVmH8X3vAs- https://www.20minutes.fr/bordeaux/359697-20091030-crocodile-fait-grincer-dents- https://www.monnuage.fr/point-d-interet/le-crocodile-a44686#gallery-modal- https://www.flickr.com/photos/lisooz/5123368623/- https://www.lemoniteur.fr/article/l-ilot-fulton-en-chantier-en-mars-2014.1134214- https://www.lemoniteur.fr/article/echappee-artistique-pour-des-logements-du-xiiie-arrondissement-de-paris.783919- https://www.leparisien.fr/paris-75/un-crocodile-tronera-rue-fulton-16-04-2014-3771391.php- https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwiMj6uX8vv4AhUF-4UKHTAdCnUQFnoECDgQAQ&url=http%3A%2F%2Fwww.portedevincennes.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F25557%2F347961%2Ffile%2FSemapa_RA-20062017-FINAL-BDinternet.pdf&usg=AOvVaw0EqUA8pgc4FCJygUE_Yytg- http://anthonyrojo.canalblog.com/archives/2012/03/04/23675892.html- https://www.flickr.com/groups/crocobx/pool/with/3761732729/-http://goubliboulga.canalblog.com/archives/2009/08/25/14847075.html- https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Goya_-_Crocodile_in_Bordeaux,_Between_1824_and_1828.jpg- Archives Journal Sud-Ouest

Le résultat de mes recherches & synthèse des informations, de la construction des sections & mise en forme, et de la découverte des données d'illustrations/photos sur cette statue du Crocodile sont entièrement issus de mon travail personnel. Je cite mes sources ci-dessus 📜.

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> Création de la page & publication: 21 Juillet 2022. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post. Cette page est également sauvegardée via l'outil the Wayback Machine, qui peut tracer la date exacte de publication et son contenu, pouvant ainsi attester de toute antériorité des données par rapport à une publication recopiée/reproduite sans accord...