MONUMENT AUX MORTS DE LA GUERRE DE 1870 - 1871

" VICTI SED IN GLORIA "

> NATURE/CONSTRUCTION:    Statue en bronze, socle en pierre.

> ÉTAT: Toujours visible.

Coordonnées GPS:

44.83488, -0.57982

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=> la CARTE:

En août 1806, l'Europe semble en paix : l'Autriche désarme; le Royaume-Uni, ruiné par la guerre et démoralisé par la victoire française sur le continent, fait tout pour trouver un accord avec la France. Pourtant, Frédéric-Guillaume III de Prusse est très inquiet lorsque Napoléon réorganise, sans le tenir informé, le Saint-Empire en Confédération du Rhin. Pour lui, cette dernière est trop favorable à la France. Alexandre Ier, tsar de toutes les Russies, et Frédéric-Guillaume III de Prusse se rencontrent à Potsdam, et jurent sur le tombeau du grand Frédéric II de Prusse de ne plus jamais se séparer avant la victoire sur la France. La Prusse, la Russie, la Suède, la Saxe et le Royaume-Uni forment la Quatrième Coalition et mobilisent leurs troupes le 9 août.

Le 4 octobre, Napoléon 1er reçoit un ultimatum l'invitant à se retirer de la rive droite du Rhin avant le 8 octobre. La bataille se déroule le 14 octobre 1806, à Iéna (Allemagne, actuel Land de Thuringe) parallèlement à la bataille d'Auerstaedt. Napoléon y remporte une victoire totale qui, couplée à celle d'Auerstaedt du maréchal Davout, précipite la fuite de l'armée prussienne, augurant déjà la fin de la campagne de Prusse. Le 27 octobre 1806, soit moins d'un mois après être entré en campagne, Napoléon entre dans Berlin. L'armistice est signé le 30 novembre. La Prusse est amputée de la moitié de son territoire et de la majorité de ses places fortes (Magdebourg, Erfurt, Stettin, Graudenz, Dantzig). Elle perd 5 millions d'habitants et doit payer une indemnité de guerre d'un montant considérable de 120 millions de francs de l'époque. La défaite d’Iéna va déclencher un violent nationalisme allemand qui conduira à l'unification de la nation allemande au cours du XIX ème siècle. (La défaite d'Iéna aurait entraîné la création en Prusse de la première école de guerre.)

La guerre franco-allemande de 1870, parfois appelée guerre franco-prussienne ou guerre de 1870, est un conflit qui opposa, du 19 juillet 1870 au 28 janvier 1871, la France et une coalition d'États allemands dirigée par la Prusse et comprenant les 21 autres États membres de la confédération de l'Allemagne du Nord ainsi que le royaume de Bavière, celui de Wurtemberg et le grand-duché de Bade.

Cette guerre fut considérée par Otto von Bismarck, qui fit tout pour qu'elle advienne (:« dépêche d’Ems »), comme une conséquence de la défaite prussienne lors de la bataille d'Iéna de 1806 contre l'Empire français. Il dira d'ailleurs, après la proclamation de l'Empire allemand à Versailles en 1871 : « Sans Iéna, pas de Versailles » : par là, il parvenait à ses fins, unifier la nation allemande. (Bismarck aurait choisi Versailles en revanche de la décision de Louis XIV de mettre à sac le Palatinat...)

Ce conflit se solda par la défaite de la France, et, forts de cette victoire, les États allemands s’unirent en un Empire allemand, proclamé au château de Versailles, le 18 janvier 1871. La victoire entraîna l’annexion par le Reich du territoire d’Alsace-Moselle et l’affirmation de la puissance allemande en Europe au détriment de l’Autriche-Hongrie et de la France qui fut confrontée à l'occupation de son territoire et à l'épisode de la Commune de Paris du 26 mars au 20 mai 1871.

- La défaite de Sedan et la capitulation de Napoléon III provoquèrent, le 4 septembre 1870, la chute du Second Empire ainsi que l'exil de Napoléon III, et marquèrent la naissance en France d'un régime républicain pérenne avec la Troisième République.

- La défaite et la perte de l'Alsace-Lorraine provoquèrent en France un sentiment de frustration durable et extrême qui contribua à l'échec du pacifisme, et plus tard, à l'entrée du pays dans la Première Guerre mondiale.


=> L'édification de monuments commémoratifs a été, pour une part, l’œuvre du Souvenir français et celle des sections de vétérans.

C'est à partir de la loi de 1890, laissant aux communes, l'initiative de leur érection, que l'on vit se multiplier les monuments aux morts de la guerre de 1870-1871, en France.

27 octobre 1806: Entrée de Napoléon 1er dans Berlin
La Dépêche D'EMS
Bismarck et Napoléon III
Proclamation de l'Empire allemand à Versailles

En mars 1906, le journal La Gironde faisait le constat que la Gironde était un des rares départements à ne pas posséder un monument à la mémoire des morts pour la Patrie en 1870-1871.

1906: Un comité d’initiative pour l’érection à Bordeaux d’un monument départemental "aux Enfants de la Gironde morts pour la patrie en 1870-1871" est formé par les Sociétés suivantes: Anciens Mobiles du 3ème et 5ème bataillon, les Tirailleurs Girondins, l'Union des Anciens Combattants 1870-1871. 

1908 : La maladie fait rapidement disparaître les premiers organisateurs. En janvier 1908, un magistrat à la cour d’appel de Bordeaux, Anselme Léon, se voit chargé de leur succession. Il mène leur projet à terme. Le comité organise un concours du 1er janvier au 31 mars pour lequel, selon le règlement, ‘la qualité de Girondin est exigée’. Le programme imposé est le suivant : ‘la Gironde en 1870-71, dans un élan viril de patriotisme pour repousser l’invasion, arma et envoya aux armées un nombre considérable de ses Enfants’. À l’aide d’une souscription publique, qui assure l’indépendance, il lance un concours, que gagnent le statutaire Jean-Georges Achard et l’architecte Gourdain, deux Girondins. L’entreprise bordelaise de MM. Albert Dormoy et Leprince se voit confier les opérations de fonte.

1913 : Choix par la Commission du Conseil Municipal de la place Magenta comme lieu le 19 avril. Inauguration du Monument le 19 septembre à 15 heures en présence de Raymond Poincaré, président de la République et Charles Gruet, maire de Bordeaux.

1919 : une palme de bronze offerte par souscription de la direction et des employés du magasin ‘Au Magasin Vert” est installée, en hommage aux victimes de la Grande Guerre, dans l’attente de l’édification d’un monument spécifique.

Inauguré par Raymond Poincaré le 19 septembre 1913, il a pourtant failli ne jamais voir le jour. La cause en est le mouvement de mécontentement qui a suivi l’édification du monument sis actuellement place Jean-Moulin dont l’inscription « gloria victis » (gloire aux vaincus), concernant la même guerre, avait fait scandale auprès des royalistes et des bonapartistes. (Voir le texte dédié de M. LAFOSSAS en bas de page dans les §Anecdotes). Voir également le détail sur l'autre monument bordelais de 1870-1871 "Gloria Victis" ici: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/statues-de-bordeaux/statue-gloria-victis)

Le monument fut un temps encadré de deux canons, enlevés le 10 novembre 1927 lors d'un premier agencement (: voir plus bas dans la page).

En 1941-1943, il fut ciblé pour faire partie des œuvres qui devaient être enlevées dans le cadre de la récupération des matériaux non ferreux destinés à être fondus par l'occupant pour l'effort de guerre. Cependant, en Août 1943, il fut finalement décidé qu'il serait écarté de la liste. (:voir plus bas dans la page).

En Août 1963 il fut l'objet d'une campagne de restauration.

Le monument, à l'origine au centre de la place, fut déplacé vers le cours d'Albret pour les aménagements de la place (construction du parking souterrain du palais de justice). Le socle fut découpé en tranches. Il fut réinstallé sur la place le 23 février 1983, après avoir côtoyé un temps les bronzes du Monument Aux Girondins dans une friche aux 4 vents à côté du Pont d'Aquitaine, au 5 Avenue du Docteur SCHINAZI. (voir les photos plus bas dans la page).

Les plaques, quant à elles, furent stockées un temps au dépôt du Grand Louis. (anciens hangars des tramways: Av. du Maréchal de Lattre de Tassigny)


Le projet s’inspire très fortement de l’œuvre d’Antonin Mercié: Gloria Victis (comparaison facile pour les Bordelais puisqu’une copie se trouve place Jean Moulin). Le cheval représente ‘la cavale’, la France frémissant sous l’outrage et foulant aux pieds les armes étrangères (canon, fusil, casque à pointe...). La figure féminine couronnée avec des ailes, montant en amazone, et tenant l’étendard de la patrie, représente la Gloire emportant dans ses bras le défenseur vaincu vers l’immortalité.

«Inséparable de la gloire qui lui reste fidèle, elle [la cavale] emporte vers l’immortalité, à l’abri de nos trois couleurs, le soldat tombé au champ d’honneur», s’exclame ainsi Anselme Léon, en septembre 1913, lors de l’inauguration du monument.

Le socle est orné de deux bas-reliefs en bronze: "La défense du sol - Mort du commandant Arnould" (le 12 janvier 1871 au cours de la bataille de Savigné-Chanteloup à la tête du 5ème bataillon des Mobiles de la Gironde) et "Au secours de la Patrie" (siège de Paris, barricades défendues par les civils, femmes et enfants.)


Sur la base du bronze dans l'antérieur au sol du cheval : " VICTI SED IN GLORIA " (vaincus mais dans la gloire)

Sur le piédestal, à l’avant : AUX ENFANTS DE LA GIRONDE MORTS POUR LA PATRIE  1870-1871.

Sur la base de la face avant du piédestal: SOUSCRIPTION PUBLIQUE: AVEC LE CONCOURS  DES COMMUNES, DU DÉPARTEMENT, DE LA VILLE / DE BORDEAUX, DE L’ÉTAT, DU CONSEIL GÉNÉRAL, DU SOUVENIR FRANÇAIS.

Sur le piédestal à droite sous les bas-reliefs en bronze: "LA DÉFENSE DU SOL" / "MORT DU COMMANDANT ARNOULD"

3 médaillons en bronze à droite du piédestal : 2ème ARMÉE DE LA LOIRE / ARMÉE DE L’ÉTAT / ARMÉE DU NORD

3 médaillons en bronze à gauche du piédestal : ARMÉE DU RHIN / SIÈGE DE PARIS / 1ere ARMÉE DE LA LOIRE

Sur l’emmarchement :

> CORPS FRANCS / TIRAILLEURS GIRONDINS 1ère ET 2ème Cies / FRANCS TIREURS DE LA GIRONDE / FRANCS TIREURS GIRONDINS / TIRAILLEURS GIRONDINS / LÉGION ALSACIENNE-LORRAINE / AMBULANCES GIRONDINES

> ARMÉE ACTIVE - MOBILES DE LA GIRONDE 25e RÉGIMENT, 1e 2e ET 4e BATAILLONS - 3e BATAILLON - 5e BATAILLON - 6e BATAILLON -  MOBILISÉS DE LA GIRONDE  1e 2e 3e 4e LÉGION 

Les blasons qui ornent chaque côté du socle sont ceux des villes de Bazas, de La Réole, de la citadelle de Blaye, plus un quatrième qui serait selon toute vraisemblance celui de la ville de Lesparre (à confirmer).

A trois heures, le Président quitte l'Hôtel de Ville et se rend à pied par le jardin de la mairie et le cours d Albret jusqu'au monument aux morts de 1870 qu'il va inaugurer. Ce monument, d'une belle envolée patriotique, porte l'inscription suivante « A la mémoire des enfants de la Gironde morts pour la patrie. 1870-1871. » Au pied du monument, dont remise est faite à la ville de Bordeaux, M. Barthou, président du conseil, prononce un discours dont voici le passage essentiel:

La honte n'est pas dans la défaite, quand on a rempli tout son devoir contre le destin hostile elle est dans l'indifférence coupable qui annonce et prépare les abdications mortelles. C'est l'honneur des générations qui se sont succédées, c'est leur fierté et leur force commune de n'avoir pas oublié. D'un bout à l'autre du territoire, elles n'ont jamais cessé d'apporter à leurs aînées, frappées pour la France, le tribut de leur pieux respect. La grandeur durable d'un peuple se mesure au culte qu'il a de ses souvenirs. La gloire que la victoire donne et quelle nation fut plus que la nôtre riche en victoires glorieuses n'exclut pas la leçon qui s'attache aux défaites noblement supportées. Les événements de 1870-1871 ont prouvé à la France que l'héroïsme exalté jusqu'au sacrifice ne suffit plus à conjurer le sort contraire et à ramener frémissante la victoire sous les drapeaux. Une préparation continue, méthodique et attentive, n'est pas moins que la force du nombre, nécessaire au succès. La jeunesse de France vient se pénétrer dans des cérémonies comme celle qui nous réunit, du courage tranquille, de la foi stoïque et de la volonté de vaincre qui inspiraient le beau serment de la jeunesse d'Athènes.

Le maire de Bordeaux répond à M. Poincaré. Au nom de la ville. de Bordeaux, il prend possession du monument et il ajoute que ses premières paroles s'adresseront, « pour les remercier et les féliciter, aux hommes de cœur qui ont eu l'heureuse pensée de rendre un suprême hommage à des morts glorieux et de donner ainsi en exempte aux générations futures le courage et la foi de ces braves qui luttèrent contre toute espérance pour défendre le sol béni et l'honneur de ce grand pays ».

M. Gruet poursuit son discours, conçu en termes patriotiques des plus vibrants, et il termine:  La génération actuelle donne ainsi, à l'exemple de ses aînées, le spectacle de son indéfectible patriotisme, et, suivant les traditions léguées par les héros que nous fêtons, elle rend le plus beau des hommages à leur mémoire... A cette heure solennelle, devant cette foule frémissante et émue, il me semble voir la grande image de la patrie se joindre à nous pour saluer ces nobles fils de France. Il me semble la voir déposant à leurs pieds la couronne de gloire qui sied à leurs vertus.

Cette cérémonie se termine par l'audition de la Marseillaise, que chante un ténor bordelais et la foule qui entoure la vaste place Magenta manifeste à diverses reprises son enthousiasme et ses sentiments patriotiques. M. Poincaré se rend ensuite à l'hôpital Saint André, qu'il visite en détail, puis il rentre à la préfecture en passant par les rues principales de la ville. Partout la foule se presse sur les trottoirs, aux fenêtres des maisons, et les ovations se répètent avec enthousiasme.


Emblème de la Ville de BAZAS

Emblème de la Ville de BLAYE

Emblème de la Ville de LA RÉOLE

Emblème de la Ville de LESPARRE




Dans le parc de Carreire on avait placé les canons pris aux allemands pendant la guerre et qui avaient été offerts à la Ville par le Gouvernement après l'Armistice. Deux de ces canons encadrèrent jusqu'au 10 novembre 1927 le Monument aux Morts de 1870 jadis au milieu de la place de la République...

En pleine seconde guerre mondiale, dans les années 1941-43, la ville de Bordeaux va perdre bon nombre de ses plus belles œuvres d’arts en bronze, jusqu’alors bien connues et appréciées de tous les bordelais. L’occupant allemand ayant décidé de les transformer en canons. Le vendredi 21 novembre 1941, la presse bordelaise annonce que la commission des Beaux-arts va prochainement trancher la délicate question des statues à livrer aux fondeurs. Un chèque de 1,5 million de Francs est remis à la mairie en compensation de son effort de guerre dans la collecte des métaux. (Lors de son procès, le maire Adrien Marquet affirmera avoir essayé par ses atermoiements de relativement protéger sa ville des réquisitions de statues...)

Un temps ciblé par la réquisition, le Monument aux Morts de 1870 échappera finalement à la fonte....


Le monument, à l'origine au centre de la place il fut déplacé vers le cours d'Albret pour les aménagements de la place (construction du parking souterrain du palais de justice). Entretemps, ce monument partagea un temps le triste sort des bronzes du Monument aux Girondins stockés dans un coin d'une prairie près du Pont d'Aquitaine (au 5 Avenue du Docteur SCHINAZI). Tous les détails ici: https://www.bordeaux-qqoqccp.com/themes/statues-de-bordeaux/monument-aux-girondins/les-bronzes-pdt-2nde-guerre.

On peut d'ailleurs voir ci-dessous le 23 juin 1982, que les bronzes du Monuments aux Girondins sont enlevés avant la sculpture du bronze du Monument aux Morts de 1870. Ce dernier retournera sur la Place de la République qu'à partir du 23 février 1983, mais cette fois sur le bord de la place (vers le cours d'Albret), son emplacement actuel.(Petite découverte de ma part, si vous voyez cette info sur un autre site, je saurai que la fuite vient de vous 😄...)



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ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES

- rue de Nuits (raccourcit de Nuits st Georges)

- rue de Dijon (autre Bataille des mobiles de la Gironde)

- rue Etobon Chebebier bataille de 1870/71

- rue de Chateauneuf (Chateauneuf en Auxois)


- rue du Commandant Arnould – mort au combat pendant ce conflit.

- rue Joseph de Carayon Latour: "BRAVO LA GIRONDE !" Tel fut le cri du Général Crémer pour saluer la bravoure des mobiles de Gironde dirigés par Joseph Carayon Latour durant la bataille de Chenebier ( guerre de 1870/71)

Les deux discours de l’abbé Dunaime traduisent parfaitement le souci du moment consistant à renverser les honneurs en faveur des vaincus. L’orateur y est d’autant plus disposé que le procédé convient à la thèse de la punition rédemptrice qu’il soutient depuis le premier anniversaire. À un détail près: alors qu’en 1871-1872 il insistait sur les fautes de la France, ses péchés, son oubli de Dieu qui lui méritait la défaite, en 1874-1875, dans la ligne du soldat de Mercié les bras étendus en croix, la punition infligée est, à l’égal de celle du Christ, posée comme injuste parce qu’elle frappe comme Lui des victimes innocentes: les patriotes qui n’ont pas démérité.  Les «soldats mal disciplinés» de 1871 sont oubliés pour être transfigurés en Soldats-Agneaux de Dieu. Dunaime ne le dit pas en des termes si précis, mais il reprend l’idée, désormais bien partagée en France, que la défaite n’est pas contraire à l’honneur, celui qui efface toutes les fautes, y compris celles qu’a pu commettre «l’héroïque» commandant en chef. Cette manière de relire l’Histoire fait écho à d’autres œuvres à succès de 1873: "Les dernières cartouches" d’Alphonse de Neuville, qui triomphe au Salon des Beaux-arts, et "Les braves gens", récit de Jules Girardin. L’une comme l’autre disent que, trompée, trahie et humiliée, la France est restée généreuse, forte et au service d’une cause si juste que sa défaite ne saurait être une tache.

Gloire aux vaincus! Sous la plume de l’abbé Dunaime, la sublimation des vaincus se fait en deux temps dans l’oraison de 1874 : «Sedanais, rassurez-vous, votre cité ne périra pas»,prévient-il d’abord (p. 10); «si nous avions été victorieux, l’orgueil du triomphe en aurait peut-être vicié la mémoire et il y aurait eu moins de mérite», ajoute-t-il (p. 11). En 1875, le procédé est plus net: «Qu’il est admirable, le spectacle que nous avons en ce moment sous les yeux! [...] ce temple voilé de deuil» (p. 5). Se moque-t-il? Dunaime rassure aussitôt son auditoire. Que les Allemands fêtent la victoire, dit-il, est normal; que les vaincus le fassent, «c’est là, en vérité, une rare manifestation de foi et de patriotisme». Gloire aux vaincus qui, «seul contre deux, contre trois, contre cinq» se sont battus «à découvert pendant qu’eux [les Allemands] sont retranchés»(p. 8). «Que lui importe?» interpelle le prélat au nom des soldats morts pour la Patrie. Qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire? Si les mots sont différents, ils expriment bien la même idée: «D’un côté, les vainqueurs qui arrivaient aux accords barbares d’une musique triomphale» (p. 10), de l’autre les lauriers et les palmes de la victoire «qu’au champ d’honneur on cueille aussi bien, si ce n’est mieux, en recevant la mort qu’en la donnant»(p. 13). Sur les murs de Sedan rejaillit une égale transcendance: «La forteresse elle-même, sublimement transformée, n’apparaît-elle pas aux sommets éternels?» Gloria Victis! Le besoin de résilience est désormais prioritaire. L’abbé Dunaime n’en abandonne pas pour autant la finalité spirituelle de son propos, le souci de glorifier Dieu et de ramener les Sedanais et, au-delà, tous les Français–à leurs devoirs sacrés: «Souvenons-nous de ces nobles victimes, et en priant pour elles, prions aussi pour nous»,conclut-il en 1874; «ne sommes-nous pas tous, en effet, des blessés de la bataille de Sedan? [...] Daigne donc le Seigneur, en associant les morts à son bonheur du ciel, guérir les survivants et répandre sur eux [...] la rosée de ses miséricordes» (p. 13). Cette fois encore, le discours est plus explicite en 1875 : «Dieu devant qui rien ne se perd, ne laisse pas périr sans ressource et sans retour ses ouvrages [...] L’homme sait qu’il ne meurt pas tout entier, que ce qui meurt de lui ressuscitera,et que s’il a le mérite de donner sa vie  pour ses frères, sa mort, semblable à celle du Sauveur, lui assure un sort égal, la bienheureuse immortalité» (p. 13). Si Gloria Victis il y a,le Salut ne peut être obtenu sans la Foi. Gloire aux vaincus parce qu’ils sont chrétiens, baptisés, Français! Dunaime récupère sous la bannière du Christ tous ses compatriotes. Sur ce point,il n’a d’ailleurs pas l’apanage de l’artifice. Celui-ci se retrouve sous d’autres plumes et à d’autres dates, comme un leitmotiv bien partagé: «Inséparable de la gloire qui lui reste fidèle, elle [la cavale] emporte vers l’immortalité, à l’abri de nos trois couleurs, le soldat tombé au champ d’honneur», s’exclame ainsi Anselme Léon, en septembre 1913, lors de l’inauguration du monument aux morts de 1870 dont se dote la ville de Bordeaux, une statue équestre nommée Victi Sed In Gloria! N’est-ce pas formulation identique à celle choisie par l’abbé Dunaime ? 

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Le résultat de mes recherches & synthèse des informations, de la construction des sections & mise en forme, et de la découverte des données d'illustrations/photos sur ce MONUMENT AUX MORTS DE 1870 sont entièrement issus de mon travail personnel. Je cite mes sources ci-dessus 📜.

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> Création de la page & publication: 19 Mars 2020. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post. Cette page est également sauvegardée via l'outil the Wayback Machine, qui peut tracer la date exacte de publication et son contenu, pouvant ainsi attester de toute antériorité des données par rapport à une publication recopiée/reproduite sans accord...