LES GIRONDINS

Pendant la Révolution française, à gauche les Girondins siégeaient à l’Assemblée législative puis à la Convention nationale. C'est ainsi que les contemporains parlent essentiellement de partis brissotins et rolandistes ou rolandins, l'appellation de Girondins (ou girondistes) étant postérieure. Originaires de la bourgeoisie de province et des milieux portuaires, politiquement très actifs, ils jouaient à l’époque un rôle crucial dans les premiers progrès de la Révolution française et dans la fondation de l’Assemblée législative.

Tous ces partis politiques n'eurent ni la même influence ni la même responsabilité dans les événements de la Révolution française.

Les Girondins constituèrent un des principaux groupes politiques de la Révolution, à tel point qu'entre 1842 et 1846, Alphonse de Lamartine écrivit une « Histoire des Girondins » qui fut publiée en 1847 en.... 8 volumes (voir le détail en cliquant ICI) !

Lamartine eut probablement l'intention de réhabiliter les Girondins, mais pris par le sujet il le dépassa largement et consacra l’œuvre, en fait, à la Révolution. Victor Hugo écrivit d'ailleurs à propos de cet ouvrage : « L'Histoire des Girondins vient, pour la première fois, d'enseigner la Révolution à la France » (dans "Choses vues").

Lorsque l'Assemblée siégea pour la première fois, Jacobins et Cordeliers occupèrent les sièges supérieurs de l'hémicycle ; ils furent surnommés les « Montagnards ». Un groupe se constitua autour des députés de la Gironde, ils furent appelés les Girondins. Ce groupe siégeait à gauche de l'Assemblée. L'espace intermédiaire fut occupé par ceux qui n'étaient ni « Montagnards » ni « Girondins », ils constituèrent la « plaine » ou le « marais ». Les Girondins voulaient transformer la royauté au pouvoir absolu en monarchie parlementaire, les Montagnards étaient partisans de supprimer la monarchie.

Dans un appel à tous les Républicains, Brissot (un des chefs girondins) présente les Montagnards comme des « désorganisateurs qui veulent tout niveler, les propriétés, l'aisance, les prix des denrées, même les talents, les connaissances et les vertus ».

Parmi les principales personnalités des Girondins : Vergniaud, Roland, Dumouriez, Brissot, Buzot, Condorcet, Isnard, Barbaroux, Pétion (après son départ des Jacobins)... Les Girondins furent d'abord appelés « brissotins » ou « Rolandistes ».

Les Girondins eurent le pouvoir le 24 mars 1792 et plusieurs ministres dont Roland comme Ministre de l'Intérieur et Dumouriez comme Ministre des Affaires étrangères. Mais ils furent vite dépassés par les événements.

Au fur et à mesure que leurs opposants les Jacobins de Paris (Montagnards) gagnent du pouvoir, les changements constitutionnels de la Révolution conduisent au règne de la Terreur (de septembre 1793 à juillet 1794), pendant lequel les modérés girondins affrontent l’exécution aux côtés de milliers d’autres personnes. Ils finiront donc par être éliminés en 1793.

C'est l'exécution de Robespierre et de ses amis le 28 juillet 1794 qui met fin à la Terreur. Ainsi, les Jacobins  éliminèrent les Girondins puis les Cordeliers avant de mettre eux-mêmes la tête à la lucarne (la guillotine).

De ceux qui avaient commencé la Révolution en 1789, il n'en restait plus beaucoup de vivants 5 ans plus tard : « Un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure » !

(=> Si vous souhaitez en savoir plus sur les Girondins, cliquez ici: https://drive.google.com/file/d/1qMev6ciYcco2TO_kBqgQzPMrX7oa6MCY/view?usp=sharing )

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ANECDOTES ET INFORMATIONS ANNEXES


Amar fut chargé le 3 octobre, au nom du Comité de sûreté générale, de rédiger un acte d’accusation. Ce texte développait les événements des dernières années. Les actes des Girondins y étaient déformés, dénaturés et mis en relief de manière à les accabler en les présentant comme des conspirateurs hostiles à la République ayant tenté de faire avorter la Révolution afin de rétablir la monarchie en sauvant le « tyran », n’hésitant pas à lancer le pays dans les horreurs de la guerre civile. Les Girondins y apparaissaient comme une « faction de traîtres liberticides » nuisibles pour la France et à la solde de l’étranger.

Le procès des 21 députés Girondins arrêtés à Paris (particulièrement Brissot, Vergniaud, Gensonné, Viger, Lasource, etc.), qui occupa les audiences du Tribunal révolutionnaire des 24-30 octobre 1793, fut une mascarade. Il se déroula dans une quasi-indifférence. Le mois d'octobre était dur pour les Parisiens, surtout préoccupés par les difficultés alimentaires : pénurie de pain et d'autres denrées. 

Dès le début du procès la gauche Jacobine n’était pas rassurée. Elle craignait toujours l’éloquence d’un Vergniaud ou d’un Brissot, et un retournement des Parisiens, las de la guillotine, était toujours possible. Le procès fut précipité ; on fit comprendre au tribunal qu’il compromettait la liberté. Voté séance tenante, un décret fut immédiatement porté au palais de Justice ; désormais les juges n’auraient plus qu’à se déclarer « suffisamment éclairés ».

Face à l'accusation qui les englobait tous sous un même chef d'inculpation, qui, peut-être à l'exception de Brissot, leur parut infondé, ils se rebellèrent. Évacués de force hors de la salle d'audience, ils apprirent qu'ils avaient été condamnés sans avoir pu se défendre. Les comptes rendus de leur procès tels qu'ils ont été publiés par cette justice révolutionnaire, tels les Procès fameux de Desessarts sont sujets à caution et inutilisables au premier degré.

Tous furent condamnés à mort — à l'exception de Valazé qui se suicida dans la salle — et guillotinés le 31 octobre 1793.

A Saint-Émilion, entre la magnifique église collégiale et la maison gothique (maison des Templiers), se trouve une demeure du XVIIe siècle appelée la Maison Bouquey. Dans le jardin de cette maison, un puits de dix mètres de profondeur débouche sur une grande galerie souterraine, qui fut habitée par les Gaulois, et peut-être même aux temps préhistoriques. A l'extrémité de cette galerie, un orifice étroit, aujourd'hui comblé, menait à une petite grotte où n'entrait qu'un air raréfié.

C'est dans cette grotte que trouvèrent asile, en 1795, les derniers chefs du parti des Girondins, frappés de proscription par la Convention qui leur reprochait d'avoir cherché à sauver Louis XVI, d'être complices de la trahison du général Dumouriez, passé à l'ennemi, et enfin de s'être opposé à la taxation des prix des denrées.

Ils étaient sept : à leur tête Elie Guadet, enfant de Saint-Émilion qui comptait des appuis dans sa ville natale, puis Petion, Buzot, Salle, Louvet, Valady et Barbaroux.

C'est la propriétaire de la maison, Thérès Bouquey, plus tard surnommée "l'héroïne de la Gironde", qui avait eu l'idée de cette cachette où Barbaroux et Louvet trouvèrent le moyen de commencer à écrire leurs mémoires. 

Probablement dénoncés par l'époux et la servante de leur hôtesse, les Girondins durent quitter la grotte en toute hâte en juin 1794.

Elie Guadet avait trouvé refuge dans la maison de son père qu'on peut toujours visiter au nord de la ville. Découvert dans une soupente en compagnie de Salle, il fut guillotiné avec celui-ci le 19 juin 1794 à Bordeaux. Il fit, avant de mourir, un discours de style romain : «Bourreaux, faites votre office. Allez, ma tête à la main, demander votre salaire aux tyrans de ma patrie. Ils ne la virent jamais sans pâlir ; en la voyant abattue, ils pâliront encore».

Les cinq autres errèrent dans la campagne, traqués par les envoyés de la Convention. Rejoint, Barbaroux se tira un coup de pistolet, ne fit que se blesser et fut exécuté le 25 juin 1794 à Bordeaux. Petion et Buzot se donnèrent la mort à Saint-Magne, près de Castillon. On retrouva leurs corps dans un champ qui a gardé le nom de champ des Emigrés.

Seul Valady réussit à s'échapper. 

Extrait Histoire des Girondins, A. de Lamartine :

[...] Barbaroux, Pétion et Buzot apprirent à Saint-Émilion l'arrestation et la mort de leurs collègues. Le sol, partout miné autour d'eux, ne pouvait tarder à les engloutir. Ils sortirent la nuit de leur refuge, n'emportant, pour toute provision, qu'un pain creux dans lequel la prévoyance de leur hôte avait enfermé un morceau de viande froide ; ils avaient de plus quelques poignées de pois verts dans les poches de leurs habits. Ils marchèrent au hasard une partie de la nuit. La longue immobilité de leurs membres, dans les refuges où ils languissaient depuis huit mois, avait énervé leurs forces, surtout celles de Barbaroux. La masse de sa stature et une obésité précoce le rendaient inhabile à la marche.

Au lever du jour les trois amis se trouvèrent non loin de Castillon, village dont ils ignoraient le site et le nom. C'était le jour de la fête du hameau. Le fifre et le tambour, parcourant les sentiers, convoquaient, avant l'aurore, les habitants aux banquets et aux danses. Des volontaires, le fusil sur l'épaule, passaient en chantant sur la route. Les fugitifs, l'esprit absorbé par leur situation, troublés par l'insomnie et par la fièvre, crurent qu'on battait le rappel et qu'on se répandait dans les champs pour les atteindre.

Ils s'arrêtèrent, se groupèrent à l'abri d'une haie et parurent délibérer un moment. Des bergers qui les observaient de loin, virent tout à coup briller l'amorce et entendirent la détonation d'un coup de feu. Un des trois hommes suspects tomba la face contre terre, les deux autres s'enfuirent à toutes jambes et disparurent dans la lisière d'un bois. Les volontaires accoururent au bruit. Ils trouvèrent un jeune homme d'une taille élevée, d'un front noble, d'un regard non encore éteint, gisant, dans son sang. Il s'était fracassé la mâchoire d'un coup de pistolet. Sa langue coupée lui interdisait tout autre langage que celui des signes. On le transporta à Castillon. Son linge était marqué d'un R et d'un B. On lui demanda s'il était Buzot, il hocha la tête ; s'il était Barbaroux, il baissa affirmativement le front. Conduit à Bordeaux sur une charrette et arrosant les pavés de son sang, il fut reconnu à la beauté de ses formes, et le couteau de la guillotine acheva de séparer sa tête de son corps.

Nul ne sait ce que les forêts et les ténèbres cachèrent, pendant plusieurs jours et pendant plusieurs nuits, du sort de Pétion et de Buzot. Le suicide de leur jeune compagnon fut-il à leurs yeux une faiblesse ou un exemple ? Se tirèrent-ils chacun un coup de pistolet, à l'approche de quelque animal sauvage qu'ils prirent pour un bruit de pas des hommes qui les poursuivaient ? S'ouvrirent-ils les veines au pied de quelque arbre ? Moururent-ils de faim, de lassitude ou de froid ? L'un d'eux survécut-il à l'autre ? Et lequel resta le dernier et expira sur le cadavre de son compagnon ? Enfin moururent-ils dans un nocturne et lugubre combat, contre les animaux carnassiers qui les suivaient comme des proies prochaines ?

Le mystère, ce plus terrible des récits, couvre les derniers moments de Buzot et de Pétion. Seulement des sarcleurs trouvèrent quelques jours après la mort de Barbaroux, çà et là, dans un champ de blé, au bord d'un bois, des chapeaux lacérés, des souliers et quelques lambeaux de vêtements qui recouvraient deux monceaux d'ossements humains dépecés par les loups. Ces habits, ces souliers, ces ossements, c'était Pétion et Buzot !

La terre de la république n'avait pas même de sépulture pour les hommes qui l'avaient fondée. Toute la Gironde avait disparu avec ces deux derniers tribuns. Ils laissaient à deviner au temps l'énigme de la popularité. L'un, qu'on avait appelé le Roi Pétion, et l'autre, qu'on appelait encore par dérision le Roi Buzot, étaient venus chercher de Paris et de Caen leur destinée dans un sillon des champs de la Gironde. La terre du fédéralisme dévorait elle-même ces hommes, ces coupables d'un rêve contre l'unité de la patrie ! Est-il besoin d'un autre jugement ? Juge-t-on des ossements décharnés et disloqués par les bêtes féroces sur un champ de mort ? Non ; on les plaint, on les ensevelit et on passe. [...]

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> Création de la page & publication: 15 Juin 2018. Posté le même jour sous pseudo "Djé Karl" sur le groupe public Facebook Bordeaux Je Me Souviens: LIEN du post. Cette page est également sauvegardée via l'outil the Wayback Machine, qui peut tracer la date exacte de publication et son contenu, pouvant ainsi attester de toute antériorité des données par rapport à une publication recopiée/reproduite sans accord...